Après un quart de siècle passé à la tête de Marseille, Jean-Claude Gaudin semblait destiné à une fin de mandat en majesté.
A l’heure de ses 80 ans, dont 50 passés au conseil municipal de sa ville natale, le vieil ogre de la politique provençale, se voyait quitter la fonction avec l’image d’un bienfaiteur de Marseille, aussi aimé que son modèle ultime Gaston Defferre.
Le drame du 5 novembre 2018 et la mort de huit Marseillais dans l’effondrement de deux immeubles vétustes de la rue d’Aubagne, en plein centre historique de la ville, a bouleversé l’histoire et empêche la légende de s’écrire comme le maire en rêvait. Déjà sourdement contesté pour son manque d’efficacité à transformer Marseille au-delà des images glacées de ses programmes électoraux, Jean-Claude Gaudin s’est soudain vu reprocher d’avoir provoqué la catastrophe. Traité d’assassin par la foule sous les fenêtres même de son hôtel de ville, il se voit désormais confronté à un bilan critiqué.
Le fils de maçon et d’ouvrière, professeur d’histoire de l’école privé, devenu député, sénateur et même ministre, est désormais accusé d’avoir trop pensé à la politique au détriment du développement de sa ville.
En s’appuyant sur les témoignages des principaux acteurs de la politique marseillaise des quatre dernières décennies, du dauphin contrarié, Renaud Muselier, à la descendante désignée Martine Vassal, de ses opposants mais aussi en donnant la parole à Jean-Claude Gaudin, dans une interview intimiste, « Gaudin, l’Heure de l’inventaire » dresse le portrait d’un élu au parcours exceptionnel, profondément ancré dans sa ville, mais dont les choix lourds ont façonné un Marseille à deux vitesses.
Un charmeur au verbe enjoué qui tire les dernières ficelles de sa succession tout en ne pouvant plus masquer les fractures de la deuxième ville de France.