Quelques-uns aux Antilles commencent à parler d’autonomie, voire d’indépendance. En Asie et en Afrique, d’autres peuples, autrefois colonies françaises, ne luttent-ils pas pour leur émancipation ? Les canons de Dien Bien Phu ont aussi résonné jusqu’aux Antilles.
Dans les « vieilles colonies », où la surpopulation et l’exode rural font monter la pression, le chômage et la colère sociale donnent lieu à des manifestations et à des heurts fréquents avec les forces de l’ordre. Fin décembre 1959, un banal fait-divers enflamme Fort-de-France. S’ensuivent trois jours d’émeute. Trois jeunes Martiniquais meurent sous les balles des CRS. Les autorités demandent alors à rétablir – rapidement et massivement – le service militaire aux Antilles. Jusqu’ici, la jeunesse antillaise avait été épargnée par la guerre d’Algérie.
Au printemps 1960, six ans après le début du conflit, l’État appelle les jeunes Guadeloupéens et Martiniquais sous les drapeaux. Des milliers de jeunes garçons prennent alors le bateau. Beaucoup quittent leur famille et leur île pour la première fois de leur vie. Ils découvrent la France, la mère-patrie, au nom de laquelle il faudra bientôt se battre.
Dans l’Hexagone, les associations étudiantes antillaises, proches du Parti Communiste et du réseau Jeanson, militent pour « l’insoumission ». Une poignée d’appelés décide de ne pas rejoindre leur régiment et, au contraire, de s’engager dans la lutte armée, contre la France, au côté du Front de Libération Nationale algérien. Ils reçoivent le soutien moral et l’aide logistique de l’intellectuel martiniquais Frantz Fanon, devenu ambassadeur du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA).