Quand l'Afrique sauva la France

Lorsque de Gaulle appelle tous les Français à le rejoindre, en 1940, il ne se doute pas que c’est depuis le cœur de l’Afrique noire qu’il mènera la reconquête de la métropole.

Alors que l’Europe gronde sous la mitraille, cette poussière d’Empire s’est investie d’une mission insolite : devenir la France.

Elle a maintenant une nouvelle capitale : Brazzaville.  Au Tchad, au Congo, en Oubangui-Chari, au Cameroun et au Gabon, la petite administration se mue rapidement en une véritable machine de guerre.

L’enjeu est capital. Car c’est seulement grâce aux ressources et aux soldats d’Afrique que la France pourra faire croire qu’elle est dans le camp des vainqueurs.

Pourtant, tout ne tient qu’à un fil. En effet, sous le vernis de la propagande se cache un régime bricolé en plein cœur de la brousse, où de jeunes soldats, souvent désœuvrés, en proie à l’ennui, loin de la ligne de front, attendent les premières batailles sous l’uniforme de la France Libre.

A côté du combat pour la liberté, le régime colonial est implacable et le travail forcé sera la matrice de l’effort de guerre, au prix de cadences inhumaines pour les populations autochtones. Prêts à tout pour vaincre, les Français libres ne perçoivent pas qu’à travers leurs contradictions, ils sont en train de faire naître un immense désir d’indépendance.