En 2000, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) décernait à la France la 1ère place de son classement des meilleurs systèmes de santé au monde.
20 ans plus tard, des patients parfois très âgés patientent des heures sur des brancards dans des couloirs d’hôpitaux avant d’être pris en charge ; des nourrissons en détresse respiratoire sont transférés à plus de 200 km de Paris faute de place en Ile de France ; en Auvergne, obtenir un rendez-vous pour un IRM peut prendre jusqu’à six mois ; et pour quelques 7 millions de Français, du bocage vendéen aux Ardennes, en passant par la banlieue toulousaine, il est quasiment impossible d’obtenir un rendez-vous avec un généraliste, médecin de premier recours. 20 ans après ce classement dont nous nous enorgueillissions, le constat est terrible : la France laisse désormais une partie de ses concitoyens sans accès aux soins. On meurt aujourd’hui dans notre pays d’une prise en charge médicale défaillante.
Une situation que dénoncent depuis des années infirmiers, médecins, aides-soignants ou sages-femmes. Car ce sont eux qui, chaque jour, affrontent la détresse des patients malmenés. Eux qui, en rognant sur leur vie de famille, en sacrifiant week-end sur week-end, tentent de maintenir le système à flot.
Il y a une volonté politique de faire en sorte que l’hôpital public soit en difficulté.
Et les cris de colère et d’épuisement arrivent de tous les coins de France. Qu’ils soient hospitaliers ou libéraux, exerçant à Marseille ou en Lozère, à Agen ou à Roubaix, ils n’en peuvent plus et préviennent : le point de rupture n’est pas loin. Car la crise du Covid a fini de mettre à terre un système déjà au bord de l’asphyxie.
En 2021, 5 000 lits ont été fermés non plus par régulation territoriale mais par manque de personnel. 100 000 infirmières font aujourd’hui défaut pour permettre aux établissements de santé de fonctionner correctement. Mais le manque concerne aussi les sages-femmes, les urgentistes, les anesthésistes, les psychiatres, les généralistes. Les démissions à l’hôpital public se multiplient, les arrêts maladies pour burn-out pleuvent, les cabinets de ville ferment faute de repreneurs.
Que s’est-il passé pour que ceux pour qui le soin était une vocation pensent sérieusement à raccrocher leur blouse ? Comment et par qui le principe qui prévalait lors de la fondation de la Sécurité sociale en 1945 – assurer l’égalité de toutes et tous face à la maladie et à la mort – a t-il été dévoyé ?
Ce film propose de raconter, par les voix de ceux qui sont au plus près de nos maux, le dépeçage organisé de l’un des plus grands biens publics que notre pays ait jamais eu.
À bout de souffle, les soignants n’en sont pas moins attachés à leurs métiers. Qu’ils lavent les corps des personnes âgées ou reconstruisent des seins mangés par le cancer, qu’ils portent blouses roses ou blanches, ils ont envie de dire la beauté qu’ils continuent de trouver dans leur quotidien : les victoires sur la maladie, le premier cri d’un nouveau- né, le dernier souffle d’un patient que l’on a pu accompagner dignement. Des grands moments et des petits riens que ce film va traverser à leurs côtés.
Fins connaisseurs du terrain, ils dressent aussi les contours de ce que pourrait être un système de santé à nouveau égalitaire et solidaire. Ou comment remettre d’aplomb ce grand corps blessé.